roman initiatique
éditions : Ovadia 2020
200 pages,
14/21 cm
Un jeune calligraphe après avoir recherché pendant des années le contact avec le maître absolu de cet art apprend par hasard que celui-ci vit à quelques dizaines de mètres de son hôtel rue de Seine à Paris.
Parallèlement aux rencontres avec son idole qui le mettront à rude épreuve, l’artiste se sépare de sa femme qui le dépossède de tout son passé : livres, photos, œuvres.
Il doit gérer un apprentissage, une mise à zéro de sa vie. C’est en tirant des leçons de ce tsunami personnel, que peut-être il parviendra à découvrir le secret de la calligraphie.
Dès huit heures du matin, je me précipitai vers la porte cochère de Gabriel Ruisseau. Elle me parut tellement plus petite que la veille. Je me rapprochai de l’entrée de l’artiste. A Saint-Germain des Près, nous étions vraiment à Paris. Attendre dans ce condensé de la culture française n’était pas vraiment une épreuve. J’admirai les couvertures des livres anciens, les manières noires ou les burins d’artistes contemporains, les courbes féminines de céramiques japonaises ou une divinité tibétaine de bronze terrassant un démon de son foudre. Un peu avant midi, mon manège sur les étroits trottoirs se fit remarquer. Un libraire sortit à ma rencontre. Tête blanche, lorgnon sur le bout du nez, comme il se doit quand on est libraire dans le sixième, et costume de tweed, sans cravate, nous sommes sur la rive gauche. Serreti, mon libraire et agent du boulevard Saint Germain, venait de fermer après tant de décennies à promouvoir le livre contemporain… nous avions donc de quoi entretenir une conséquente conversation… Nous déplorâmes la désertion des bibliophiles, l’absence du renouvellement d’une génération de collectionneurs, nous nous lamentions sur la fin du marché des beaux livres dans la capitale et de la culture qui y était liée. Les jeunes se foutaient complètement de la qualité de la typographie, Garamond, Nicolas Cochin, de la rareté des papiers in quatro ou in octavo, des reliures signées et de la préciosité des dorures ou pire encore du texte mis en valeur dans ses ouvrages rares…
premier roman fantastique de Lalou
éditions : DERVY
2018, 560 pages,
15/22cm
En 1727 et 2031 le même fléau touche la Terre, le vortex la protégeant s’est entrouvert et laisse passer à chaque pleine lune des populations entières d’êtres surnaturels, le plus souvent malveillants. L’humanité est en danger. Seules quatre villes sont épargnées : Venise, Londres, Dresde et Leipzig.
En 1727, le grand théologien Dom Calmet, premier auteur d’un livre sur les Vampires convoque dans la ville des Doges, le plus puissant kabbaliste, Hayim Moshé Luzzatto, rejeté de sa communauté tellement sont pertinentes ses visions, l’éminente femme savante, disciple et traductrice d’Isaac Newton, Émilie de Chastelet, et enfin, car une bonne lame peut toujours servir, le mousquetaire Louis de la Côte Beaupuits. En comprenant par la Kabbale, la théologie chrétienne et les sciences pourquoi ces cités sont épargnées, nos trois experts espèrent découvrir le moyen d’endiguer le fléau. Véritable road movie baroque à travers l’Europe. En 2031, après la Révolution Culturelle Islamique qui avait exterminé presque tous les artistes, surtout les musiciens et leurs instruments, le vortex s’ouvre à nouveau dans l’horreur. Gabriel, étudiant en histoire de l’art, décèle dans le Louvre, tout juste restauré, un personnage étrange dans un tableau de Guardi au pied de l’Église de la Salute. Quand le jeune homme réalise que cet être n’est pas de notre monde, une série d’aventures et une rencontre amoureuse avec une jeune violoncelliste au Carré du Louvre, le mènent à enquêter sur l’origine du mal et au moyen de renvoyer dans leurs enfers les entités qui attaquent la planète. Ce roman de Frank Lalou, auteur d’une quarantaine de livres sur la Bible et la Kabbale des lettres hébraïques, offre au lecteur une approche fantastique de son univers d’ordinaire réservés aux spécialistes.Tous les héros du roman ont existé et jusqu’au moment des faits tout est historiquement véridique.
Enseignement philosophique sous la forme d’un évangile apocryphe.
édition : À PARAÎTRE
100 pages,
11/18 cm
Frank Lalou use de la forme d’un évangile apocryphe, à la manière de l’Évangile de Thomas, l’essentiel de son enseignement spirituel. Ce petit livre sert de manuel pour ses seminaires où il aborde les grands concepts de la Kabbale, mais avec les connaissances des sciences, de la physique et de la psychologie contemporaines.
Martha surprit ses disciples qui priaient avant le partage d’un repas. Elle saisit une chaise et ne se présenta pas devant la table garnie de mets succulents. Ses disciples lui demandèrent :
– Pourquoi ne viens-tu pas près de nous partager le pain et le sel ?
Elle leur dit :
– Vous chantez, vous priez « Notre Père notre roi, Notre Père qui est aux cieux créateur de l’Univers ». Mais moi, je lui demande : ET TOI, QUI T’A CRÉÉ ?
Après cela, certains quittèrent l’assemblée en pleurant et d’autres mangèrent avec appétit. Elle pria et bénit le repas et se joignit en souriant à ceux qui étaient restés.
Elle dit :
– C’est parce que vous cohabitez avec vous-même, dans votre tête, dans votre corps et que vous n’avez pas
la connaissance, que vous me suivez comme des ânes auxquels de cruels paysans ont fixé de trop larges œillères.
Roman Photographique
200 pages
21/23
Très nombreuses photographies de Frank Lalou
Les scènes se situent à Kalamos, un village de pêcheurs, où je me rends chaque année.
L'histoire est celle d'une rencontre entre un photographe français et une jeune femme qu'il sauve lors d'une tempête. Il ne sais rien d'elle et elle garde de pans de sa vie secrets.
La mer, les oliviers, les chemins qu'il fréquente lui apprendront la véritable nature de cette femme avec qui il vit.
Les photographies plantent le décor et ne sont pas que de simples éléments illustratifs. J'aimerais presque aussi fournir un sachet d'origan pour que le lecteur s'immerge davantage dans ce merveilleux été grec.
Armé de mon bâton de marche, je quittai la villa et me dirigeai vers les olivaies de ma plage tant aimée. L’habitude revêt des vertus salutaires, elle offre du temps pour s’attacher aux détails, même les plus infimes. Quand on découvre pour la première fois un paysage, l’attention ne peut se répartir que sur l’ensemble de ce que l’œil per- çoit. Quand on foule des dizaines de fois les mêmes sentes, tout chemin devient un chemin initiatique, une forme de texte, un ensemble de signes, de hiéroglyphes que l’on dé- chiffre, non pas par l’intelligence, mais par le corps entier, le corps qui souffle pour gravir une pente, le corps qui sue et qui dégouline. En réalité la nature est un livre, un texte sacré dont il faut plusieurs vies pour déchiffrer les arcanes. L’interprétation s’impose à chaque pas et c’est le souffle qui peine dans les raidillons qui découvre les plus belles pépites. Tout marcheur est un herméneute. Plus il fait chaud, plus la tête se penche et ne voit plus que les terres rouges, les pierres de toutes les natures, vertes des oxydes de cuivres, rouges saturées de fer, les I des poils du blaireau nocturne qui habite le terrier, les S d’un serpent que l’on ne voit jamais, les Y des pattes du geai furtif que l’on devine au loin.
L’après-midi était torride, le midi solaire était pourtant passé depuis deux bonnes heures. L’argile sigillée que je foulais renforçait cette impression de se mouvoir et de cuire dans un énorme four. Les cigales semblaient appré- cier cette touffeur et crissaient de plus belle. Les humains étaient absents, les chiens affalés devant les portes gisaient dans le coma. Qu’importe, c’était le meilleur moment pour photographier les arbres, j’espérai ne croiser personne.
éditions : PHALÈNE
1988, PÉRIGUEUX
54 pages, 21cm/13cm
Après les Dolmens et Menhirs, livre dans lequel je m’efface, Aleph/Alpha marque cette nécessité d’alterner des ouvrages où je m’exprime en toute liberté et d’autres où je livre au lecteur un contenu scientifique. Ce recueil de courtes nouvelles est aussi la trace d’une longue amitié avec Christian Malaurie, éditeur qui dés 1982 publia dans la revue Diamant Noir, mes tout premiers textes.
Dans la ville aux murs orbes, à l’avenue fuligineuse, aux venelles labyrinthiques, on dit que toutes les nuits rôde le Golem. Visage cendré, trois rides profondes sur le front, l’œil comme le regard implacable du Juif. Le vêtement lourd et humide. Le poids de la glaise, l’eau du pavé. Atroce est de savoir —tous les citadins savent —que dessous l’étoffe épaisse et brune, il n’y a rien. Une à une les lumières de la ville se sont étouffées. Le ciel s’est allumé d’étoiles. Unique regard sur le monde. Le pavé, lustré par le cuir et la pluie, noir et luisant. Les portes et les fenêtres se sont aveuglées retenant les odeurs âcres du foyer. Il était une fois une ville où la nuit rôdait un homme qui n’était pas un homme. Derrière les murs une alacrité mécanique étouffée. Puis le silence. Encore plus silence dans une ville qui vit le vacarme diurne d’une avenue passante et mercantile. ICI NUL NE SORT LA NUIT. Des pancartes noires aux lettres blanches rappellent aux étrangers à la cité : LA NUIT NE NOUS APPARTIENT PAS.
éditions : L’AMOURIER
2001, 50 pages
20cm/28cm
éditions : de l’Eau
CÉRET, 2005
30 pages, 20cm/13cm
avec gravures originales de Woda
Nouvelle occasion de faire un livre de bibliophilie avec mon presque frère Albert Woda. Je lui propose d’écrire un livre uniquement sur les yeux de la femme qui allait devenir mon épouse, Tina. Je le harcèle pour qu’il sorte le livre pour l’anniversaire de ma belle. Quel bonheur de faire de belles choses avec ses amis !
texte pour décrire ce que produit en moi la contemplation du regard de la bien aimée.
Tout au long de ces quelques jours dans sa proximité, je m’interrogeais au pourquoi du regard. Je ne comprenais pas en quoi son regard se distinguait à ce point de milliers d’autres aperçus dans ma vie. Au repas, tandis qu’elle discutait avec ses voisines, je me plongeais dans la contemplation de ce visage éclairé. Pendant les heures de cours, je guettais comme un chasseur le moment où elle levait les yeux pour me poser une question. Ce moment fragile où l’on abandonne la concentration de l’écriture pour se remettre au monde, où tout en refaisant surface, les yeux conservent une trace de cette immersion dans l’univers des lettres, comme le temps 0 de la Création. La beauté réelle des yeux n’explique pas tout. Je dis que je ne me souviens en rien de la couleur de son iris. Je serais incapable, comme dans les bons romans de décrire les petites paillettes, les nuances de la pupille, la teinte de la cornée. Dans ces bons romans, le narrateur consacre au moins un paragraphe à décrire les yeux de l’héroïne. Je ne pourrais absolument rien en dire, et surtout par en faire un dessin aux traits limités. [...] NOSTALGIE. Les yeux de Tina me frappaient de nostalgie. J’aime l’étymologie de ce mot, la souffrance du retour. Seuls les Grecs voyageurs pouvaient inventer un tel vocable. Je connais par cœur les douleurs de la nostalgie, elles m’assassinent souvent le soir, dans les instants avant de plonger dans le sommeil. Mais le regard de Tina, comme cet air de Funny Valentine, éveillait une autre nostalgie.
éditions : Germes de Barbarie
1986, Bergerac, 80 pages, 21cm/15cm
Premier essai d’une publication d’une longue nouvelle sur un thème sinistre. J’avais coutume d’écrire des nouvelles toutes plus obscures et fantastiques les unes que les autres. Je crois qu’il est vraiment plus facile d’écrire des textes noirs voire sordides. La face sombre du monde est plus aisée à exprimer.
Nouvelle fantastique reprenant le mythe du Golem. Avec nombreuses calligraphies.
éditions : Froidefond
1984, Bergerac
26 pages, 21cm/15cm
Ce livre est la trace de cette superbe journée où toutes mes recherches de jeune homme allaient être mises en valeur. Mon éditeur Froidefond me l’apporta ficelé dans un papier craft. J’étais tellement heureux, pour la première fois de ma vie, sur une couverture figuraient mon nom, le titre d’un de mes textes et un vrai éditeur. Ce jour-là, j’exposai aussi pour la première fois mes calligraphies, donnai mon premier spectacle calligraphie, poésie et musique avec Bernard Lubat, le jazzman de Nougaro, calligraphiai la plus grande calligraphie jamais réalisée (200 mètres de long), donnai la première représentation avec quatre comédiens d’une de mes poésies sonores pour quatre voix scandées, et encore pour la première fois signai mon tout premier autographe (je garde encore le feutre et le visage de la jeune fille qui me le demanda). Je ne savais pas encore que tout ce qui allait constituer ma carrière à venir était déssiné dans ce long jour de juin 1984 : Écrire des livres, exposer des calligraphies, donner des spectacles.
La nuit était noire, sans lune. Seulement une grosse étoile sur le point de disparaître à l’horizon. Le sable avait encore la chaleur du jour. Un vent léger soulevait des poussières et les jetait dans l’air que nous respirions. «Prends deux tiges de bois, me dit mon voisin, et frappe le rythme de notre cœur». J’obéis et participai comme les autres à la cérémonie, à la danse. « Ne prends pas toujours le même rythme. Jette des syncopes et des contretemps. Suis la pulsation de tes amis ». J’obéis et pratiquai toutes sortes de triolets et de sextolets. Cinq femmes et quatre hommes dansaient au milieu de notre cercle de chair. Leur danse était lente et appliquée. À peine quelques petits pas, précis et comptés. Le genou levé d’un espace insensible, les muscles des cuisses à peine juste tendus, se creusant et se dilatant sur les sons secs des percussions…